Au Bon Marché 1873-1876
1-Programme et Parti architectural
En 1952, à l'âge de 42 ans, Aristide Boucicaut arrive à Paris, il s'associe avec Justin Videau propriétaire d'un fond à l'angle de la rue de Sèvres et de la rue du Bac, " Au Bon Marché ".
Le succès est fulgurant, de 452 000 F en 1852, le chiffre d'affaire passe à 7 000 000 F en 1863. En 1869, après avoir absorbé petit à petit les maisons commerciales qui l'entouraient, A. Boucicaut put enfin déboucher sur l'emplacement anciennement occupé par l'hospice des Petits Ménages, et trouver l'espace qu'il fallait pour tracer le plan d'une vaste construction conçue et édifiée uniquement en vue du commerce spécial des nouveautés.
La première pierre est posée le 9 septembre 1869 sous la direction de l'architecte Alexandre Laplanche (1839-1910). Sous la pierre, une boîte de plomb scellée contient un texte d'Aristide : " Je désire donner à cette construction toute spéciale, une organisation philantropique qui permette, en me rendant utile à mes semblables, de témoigner à la Providence toute ma reconnaissance pour le succès dont elle n'a cessé de couronner mes efforts. " La phrase prête maintenant à sourire, mais l'organisation philantropique a bel et bien existé, même si, aujourd'hui, ne subsiste plus que l'organisation commerciale. L'ouverture du premier bâtiment eut lieu le mardi de Pâques, 2 avril 1872.
Sitôt terminé ce premier bâtiment d'angle, ils entreprennent le prolongement du magasin le long de la rue Velpeau. L'architecte est ici Louis-Charles Boileau (1837-1914). Cette deuxième tranche de travaux entreprise en 1872, s'achève en octobre 1874.
Références
:
Les Grands Magasins
de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1979
Le Fer à Paris de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1989
Architectures à Paris : 1848-1914 de Paul Chemetov, Dunod, Paris 1984
Atlas de Paris de D. Chadych et D. Leborgne aux éditions Parigramme, 1989
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Photographies Alexis Teissier & Internet
Informations Pratiques :
Ouverture :
9h30 - 19h le lundi, mardi, mercredi, et vendredi
nocturne le jeudi de 10h à 21h
et de 9h30 à 20h le samedi
Pour plus d'informations consultez www.lebonmarche.fr
ou téléphonez au : 01 44 39 80 00
3-Commentaires
Institution commerciale
le jour, il se transforme le soir en académie enseignante. On y a aussi donné
de nombreux concerts (quelques heures à peine suffirent pour transformer en
splendides salons, pour draper, meubler, décorer les deux galeries du rez-de-chaussée
et du premier étage sur la rue Velpeau).
Le bâtiment met ainsi en evidence la polyvalence permise par la construction
métallique.
Un lieu chargé d'histoire, qui nous rapelle aux romans de Zola et en
particulier "Au bonheur des dames". Le magasin est toujours un lieu
aussi enchanteur, il est agréable d'y flaner en passant dans le quartier,
en évitant toute fois de se laisser tenter sous peine d'y perdre son
porte feuille !
2-Aspects Techniques
Boileau a continué la trame commencée par Laplanche, mais en introduisant le métal, ce qui l'amène à constater : " qu'il est impossible de faire un monument avec du métal, ou qu'un tel monument, ne pouvant soutenir de comparaison sérieuse avec les édifices en pierre, devait s'écarter en tout et pour tout de leur imitation et être considéré à un autre point de vue […] on devra envisager non plus les pleins de l'édifice, mais bien le vide qu'il enveloppe, c'est-à-dire qu'au lieu de chercher à faire jouer la lumière sur des formes plastiques, il faut l'opposer à elle-même dans l'air ambiant qui circule à travers la construction ."
Sur le plan architectural, la construction du magasin se poursuivra au rythme de la croissance commerciale de l'entreprise. Elle innovera encore en un point, l'étanchéité des sous-sols : en effet, à l'époque, la hauteur nécessaire pour loger les générateurs et les volants des machines oblige à descendre le deuxième sous-sol très bas, jusqu'à 2,20 m au-dessous du niveau des plus hautes eaux dans le quartier. On avait cru, lorsqu'on fit, en 1879, une première partie des magasins, qu'il suffirait de murailles et de sols extrêmement épais en béton de ciment pour empêcher l'eau d'envahir les calorifères... mais les années de grande crue, le ciment, qui est sans doute très bon dans une humidité constante, ne vaut plus rien, séché à outrance par le développement de chaleur des calorifères et des générateurs. "
Sur le chantier Bac-Sèvres, trois cuves métalliques seront mises en place. La plus grande a 11,80 m de large sur 18,50 m de long et 2,50 m de profondeur. Son poids total est de 83 300 kg. Les parois verticales sont en tôle de 10 mm, le fond en tôle de 12 mm... " Cette cuve contiendra les fondations de quatre machines à vapeur de 450 CV chacune; celles de cinq pompes et tous les caniveaux nécessaires. " Une autre cuve lui sera adjointe le long de la rue du Bac, et " quand l'électricité sera complètement installée au Bon Marché, remplaçant entièrement le gaz - ce qui aura lieu l'année prochaine (soit en 1888) - il ne restera dans les magasins proprement dits aucune cause de feu ".