Un
plan qui reste très classique avec un coeur, une nef
et des collatéraux, mais tout en fonte
Lieu
: 4 bis, rue Sainte Cécile, Paris,IX
ème Arr, Métro
rue Montmartre.
Date de livraison : 1855.
Maître d'ouvrage : Diocèse de Paris
Architectes :Louis
Auguste Boileau.
Décoration
: verrières : Lusson et Laurent. Stations du chemin de croix : Oudinot.
Ameublement : Merklin et Schultze. Date de construction: 1854-1855.
Principales dimensions : 50m x 25 m. Coût : 90000 francs.
1-Programme et Parti architectural
La construction de l'église Saint-Eugène, rue Sainte Cécile à Paris,
qui est la première église à structure métallique
construite en France, est à cet égard significative. Louis
auguste Boileau, un ancien menuisier spécialisé dans le
mobilier d'église fut désigné pour construire cette église. L'église
Saint Eugène est bâtie sur l'emplacement de l'hôtel des menus plaisirs
du roi dans le IXème arrondissement (quartier en pleine expansion à l'époque),
sa principale caractéristique est sa construction dans le style du XIIIè
siècle, mais en employant la fonte et le fer pour les piliers et les nervures.
Sa façade est divisée en cinq parties par des contreforts et représente exactement
la forme de l'édifice. A l'extérieur, la concession que le programme voulait
qu'on fit aux goûts du jour, ne permettait pas de laisser apparentes sous les
voûtes, les côtes en fer des arcs.
Il fallut donc les revêtir de moulures gothiques. Son plan
reste très classique et présente trois nefs et deux collatéraux
surmontés de tribunes en fonte peintes et dorées ; les trois nefs se terminent
par trois absides. A l'intérieur, les fenêtres et les roses sont toutes occupées
par des verrières œuvres de Lusson
et de Laurent et Gsell. Les quatorze stations du Chemin de Croix,
situées dans la partie inférieure de l'église,
sont de Oudinot d'après les cartons de Gérard Séguin. A l'éclat
des verrières se joint celui des peintures qui recouvrent toutes les parties
de l'église ; les colonnes sont bleu d'acier et bronze florentin, les
arcs, les nervures sont également riches de teintes et les voûtes sont garnies
d'étoiles. Deux petites portes flanquent, à droite et à gauche, la porte principale
; elles sont surmontées, à la hauteur de la voussure de celle-ci, par une galerie
à jour. Les compartiments qui suivent sont ornés d'arcatures, de statues et
de deux longues fenêtres. Les côtés de l'église présentant toute une suite de
pignons. Chacun de ces pignons est percé de deux fenêtres et d'une rosace. Enfin,
les trois grandes verrières de l'abside centrale représentent la Cène, Jésus
au jardin des oliviers et la Transfiguration et les verrières des absides latérales,
d'un côté la vie de la Vierge, de l'autre celle
de Saint Eugène. L'ameublement et l'orgue tout
particulièrement sont de Merklin et Schultze. Le maître d'autel est décoré de
treize niches, garnies de statuettes et surmonté d'un retable à jour
dans lequel les chandeliers sont remplacées par des ornements d'architecture.
Références
:
Le fer à Paris, Architectures, Bernard MARREY Pavillon de l'arsenal,
Picard Editeur, 1991
Les églises parisiennes, Amédée BOINET Ed du minuit 1962
Eglises parisiennes du XXème siècle, architecture et décor, Simon TEXIER
et Action artistique de la ville de Paris Ed Paris et son patrimoine 1996
Les églises modernes, Evolution des édifices religieux en France depuis
1955, Suzanne ROBIN Ed Hermann Eglises parisiennes du XXème siècle,
Architecture et décor, Simon TEXIER Ed Paris et son patrimoine 1996
L'architecture religieuse contemporaine en France, G. MERCIER Ed MAME
1968
Sites
officiels: www.sainteugene.net
www.paris-france.fr
Photographies
Yves marie Bohec
Une
vue générale de l'église dont la principale particularité
est de ressembler à une église traditionnelle en pierre, mais
qui est majoritairement édifiée en fonte.
L'intérieur reste aussi chargé qu'une église classique
et l'ornementation est relativement ostentatoire.
Les
principaux points structurels, les colonnes en fonte creuse sont de 30 centimètres
de diamètre et de 2 centimètres d'épaisseur
M5
Yves marie Bohec
Un
camouflage du métal par une ornementation très
riche
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2-Aspects
Techniques
L'église Sainte Eugène devait être réalisée en " matériaux de la meilleure qualité
" et ne pas dépasser 90000 francs à l'origine.
Les murs extérieurs étaient déjà prévu pour être en béton aggloméré Coignet,
une des premières manifestations de ce nouveau matériau, et la majeure partie
du reste de la structure en métal. L'église
comporte ainsi des voûtes à nervures métalliques revêtues de moulures gothiques
soutenues par de minces colonnes en fonte. Pour les colonnes isolées, un type
exceptionnel, résultant d'un tour de force accompli en pierre par les constructeurs
du moyen âge, fournit un modèle tout à fait applicable à la fonte. La longueur
de l'église est de 50 mètres sa largeur
de 25 mètres ; la hauteur de la nef
principale est de 23 mètres ; celles des
nefs latérales de 15 mètres. Les
principaux points structurels, les colonnes de la nef en fonte creuse sont de
30 centimètres de diamètre et de 2
centimètres d'épaisseur. Grâce à leur allure métallique, les colonnes
monostyles, en pierre, de l'ancien réfectoire de Saint-Martin des Champs
paraissaient tellement appropriées à l'échelle d'une ossature ferronnière si
elles étaient reproduites en fonte, qu'elles furent admises à Saint Eugène.
L'usage du fer permettait ainsi de supprimer les arcs-boutants
qu'aurait exigés une voûte d'ogives en pierre, et de réduire le rôle des murs
à celui de simples parois. Grâce à cette combinaison
audacieuse métal béton aggloméré, le système structurel est relativement
efficace. L'ossature supprime en effet les efforts des poussées des voûtes,
et conséquemment les arcs-boutants ainsi que la majeure partie des contreforts,
et constitue à elle seule le système de stabilité de la construction, où la
maçonnerie ne sert plus qu'à former les parois de clôture.
3-Commentaires
L'église Saint Eugène fut l'objet d'une polémique exemplaire entre Boileau
et Viollet-le-Duc, celui-ci critiquant vivement la transposition en fer
des voûtes gothiques qu'avait réalisée Boileau, précisant "
qu'il ne faut pas donner au fer fondu l'apparence de la pierre ; en changeant
les matériaux, il faut changer les formes ".
Une
combinaison audacieuse entre métal et
Béton aggloméré.