Galerie Vero Dodat1826
Constant Protain (incertain)
1-Programme et Parti architectural
Elle fut ouverte en 1826 par deux charcutiers parisiens, Véro et Dodat.
La boutique de Benoît Véro était située depuis 1818 au numéro 1 de la rue Montesquieu, au coin de la rue Croix-des-Petits-Champs.
Elle avait aussi pignon sur le passage Montesquieu ouvert en 1811. C'est peut-être ce voisinage profitable qui inspira l'idée de l'entreprise des deux charcutiers.
Dodat vendait ses produits à la porte Saint-Denis, au coin du faubourg du même nom.
Au numéro 2 de la rue du Bouloi, presqu'en face de la boutique de Véro, existait un petit hôtel particulier construit au début du XVIIIè siècle. C'est sous le nom d'hôtel Quatremère que Vero l'acheta en 1819. Une grande parcelle du côté de la rue de Grenelle-Saint-Honoré 1 vint compléter cette acquisition et permit aux deux commerçants d'ouvrir la galerie et de faire construire quelques immeubles autour de deux cours en enfilade situées au numéro 21 de la rue.
L'emplacement était bien choisi. Du côté de la rue de Grenelle s'ouvrait presqu'en face de la galerie une des entrées de la cour des Messageries Laffite et Caillard, d'où partaient depuis la fin du XVIe siècle des diligences pour l'Europe entière.
Ce mode de transport périclita à partir des années 1845, lorsque se développèrent les chemins de fer, ce qui priva la galerie d'une bonne partie de sa clientèle.
Les lourdes voitures jaunes si caractéristiques de ces messageries disparurent vers 1880.
Le succès de la galerie Véro-Dodat était dû aussi à la splendeur de sa décoration qui rivalisait avec celle des galeries ouvertes à la même époque " Rendons cette justice à Véro et à Dodat qu'ils s'étaient montrés hommes de goût. Ils n'avaient pas regardé à la dépense."
L'éclairage au gaz, la présence de grandes glaces entre les boutiques, déjà vues au passage Delorme ouvert en 1808, rehaussaient encore son éclat. Les ornements s'inspirent de la thématique usuelle dans les édifices contemporains voués au commerce.
Les matériaux ont été choisis pour leur apparence de luxe: cuivre pour les menuiseries des boutiques, dans un dessin assez proche de celui des boutiques du Palais-Royal, bois imitant l'acajou pour leur devanture, colonnettes peintes en faux onyx, etc.
L'extérieur du passage vaut l'intérieur. La façade rue Jean Jacques Rousseau réunit deux arcades dont l'une sert d'entrée au passage, mais aux dires d'un critique de l'époque, " on voit bien que le talent de l'artiste a été dominé par l'intérêt du propriétaire ". Sur le côté rue du Bouloi, une très belle façade en pierre montre deux statues représentant Mercure et Apollon.
L'architecte de toutes ces beautés est malheureusement inconnu. Peut-être s'agit-il de Constant Protain, le constructeur de la Cour du Commerce Saint-André?
Références :
Le guide des passages couverts de Paris de Patrice de Moncan. éd : Les éditiond du Mécène, 2000.
Passages couverts parisiens / Jean-Claude Delorme, Anne-Marie Dubois photogr. Martine Mouchy. - Delorme, Jean-Claude - 2002
Les Passages couverts en France / sous la direction de Bertrand Lemoine, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris - 1989
Passages couverts parisiens / Guy Lambert. - Lambert, Guy - 2002
Le Fer à Paris de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1989
Photographies Alexis Teissier
Informations Pratiques :
Ouverture :
Ouvert
de 7h à 22h
Tous les jours sauf
le dimanche
3-Commentaires
La galerie Véro-Dodat possède un charme particulier, grâce au luxe raffiné
qui s'y déploie jusque dans les moindres détails, au calme et à la discrétion
qu'on y trouve.
Comme le disait déjà un guide de Paris en 1830, " on se voit transporté dans le pays des fééries en la traversant le soir tandis qu'elle est éclairée par des illuminations répétées par les glaces qui reflètent leur lumière "
Aujourd'hui, la galerie Véro-Dodat n'a rien perdu de son charme si elle a quelque peu perdu de son éclat.
2-Aspects Techniques
Les miroirs fascinèrent les Parisiens du XIXè siècle.
La Galerie Véro-Dodat montre encore aujourd'hui l'usage qu'en firent les passages couverts.
Les miroirs permettaient d'en agrandir illusoirement l'espace et de réfléchir la lumière de leurs becs de gaz.
Pour Karl Gutskow, " l'art de l'apparence aveuglante est parvenu ici à son point de plus grande perfection ... Par la vertu des glaces accrochées aux murs qui reflètent les marchandises exposées à droite et à gauche, tous ces établissements acquièrent une étendue artificielle et, à la clarté des lampes, une grandeur fantastique. "
La verrière a été récemment refaite.