Galeries Lafayette 1906-1932
1-Programme et Parti architectural
Les premiers travaux avaient été entrepris le long du boulevard Haussmann par Chedanne.
Ils furent poursuivis par Chanut qui perça sur la rue de la chaussée d'Antin, mais le tout fût construit en ciment armé. Seules les coupoles, car il y avait deux halls, étaient en acier, avec une richesse décorative qui en fait un chef d'oeuvre inégalé, au moins à Paris.
L'Expositon de 1925 avait rappelé ce que pouvait être la présentation d'objets en vitrine; non pas un simple entassement d'objets, mais presque leur animation : faire d'une vitrine un théâtre. Chanut, fort de cette idée cherche à éclairer le trottoir et la vitrine de façon à envelopper " suffisamment le trottoir pour le faire compter comme salle sans aucune gêne pour la liberté du public ". La mise en place de ces vitrines nouvelles se fit par tranches, en commençant sur la rue de la Chaussée d'Antin le 15 août 1926; elle fut terminée en mars 1927. L'ensemble valut aux Galeries Lafayette un prix au Concours des façades de la Ville de Paris, et des badauds par milliers.
Les Galeries Lafayette continuaient néanmoins d'acquérir des immeubles sur l'arrière de l'îlot, vers la rue de Provence; elles lancèrent un concours restreint à dix architectes, pour l'aménagement entier de l'îlot et le dessin de nouvelles façades. On peut penser que les idées des gendres prirent le pas sur celles de Bader, et Pierre Patout devint l'architecte en chef des Galeries en 1932. Le premier, au moins en France, il rompt avec la disposition traditionnelle et fait du grand magasin un système clos. Constatant que la profondeur des immeubles ne permet plus de les éclairer suffisamment avec la lumière naturelle, il choisit délibérément la lumière électrique dont le coût a considérablement baissé depuis les dernières années du 19è siècle.
De la même façon, les fenêtres étant devenues insuffisantes pour l'aération de l'ensemble, il prévoit une climatisation générale, et donc, la fermeture de ces dernières. La façade, dessinée par Patout pour tout l'îlot mais qui ne sera réalisée que sur une quarantaine de mètres sur la rue de la Chaussée d'Antin et une dizaine sur la rue Mogador, exprime ce " retournement " du magasin vers l'intérieur. L'uniformité du bloc est rompue par des baies verticales de verre cannelé qui permettent un éclairage modulé de la façade.
Pour les derniers étages, en retrait, les lignes horizontales apparaissent seules, alors que de la terrasse émergent à nouveau en verticales, les prises d'aération du magasin. Cette rupture correspondait aux données du programme qui prévoyait de consacrer à la vente le rez-de-chaussée et les quatre premiers étages, de placer au cinquième les bureaux et les salons de coiffure et de manucure, au sixième le salon de présentation des modèles, la salon de thé, la bibliothèque et le fleuriste, au septième, les ateliers de couture et la cuisine. En sous sol, le premier était réservé à la réception des marchandises et au garage de la clientèle, le second au service des livraisons, le troisième aux ateliers d'électricité, de menuiserie et de serrurerie, le quatrième à la centrale électrique et à la chaufferie.
Les Galeries Lafayette désirant une exécution rapide, les travaux des étages furent entrepris avant que ne fussent terminés ceux du sous-oeuvre, ce qui entraîna évidemment des cheminements compliqués et changeants pour les ouvriers du bâtiment, mais aussi pour les employés du magasin et la clientèle. Entrepris en 1932, les travaux furent interrompus dès la réalisation des nouveaux bâtiments joignant sur l'arrière la rue de la Chaussée d'Antin à la rue Mogador, sans doute du fait de la crise économique qui frappa la France avec quelques années de retard, justement en 1932. D'autres modifications, et notamment une surélévation des magasins, furent entreprises en 1958, mais le plan de Patout avait été abandonné. La chance d'avoir un magasin clos, qui soit autre chose qu'un hangar ou un blockhaus, avait échappé.
Références
:
Les Grands Magasins
de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1979
Le Fer à Paris de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1989
Architectures à Paris : 1848-1914 de Paul Chemetov, Dunod, Paris 1984
Atlas de Paris de D. Chadych et D. Leborgne aux éditions Parigramme, 1989
Le site officiel www.galerieslafayette.com
Photographies Alexis Teissier
Informations Pratiques :
Ouverture :
du lundi au samedi de 09:30 à 19:30 sans interruption
Nocturne le jeudi jusqu'à 21h
Pour plus d'informations consultez www.galerieslafayette.com
ou téléphonez au : 01 44 78 12 33
3-Commentaires
Les Galeries Lafayette, ont révolutionnés le principe de la vitrine. Pour moi, elles représentent avant tout la ballade des parents accompagnant leurs enfants aux periodes de Noël devant les vitrines animées (tradition reprise de génération en génération pour les habitants de la région).
Si vous ne conaissez pas les galeries, je vous conseille d'aller faire un petit repérage grâce à la visite virtuelle disponible sur le site officiel : www.galerieslafayette.com
2-Aspects Techniques
Le parement des vitrines est soutenu par un pan de fer de 8 cm rempli de béton.
A la partie inférieure de la vitrine, des gaines d'aération sont ménagées de façon à maintenir une température compatible à la bonne conservation des couleurs.
Pour couvrir la salle de ce théâtre en plein air, " la structure de l'ancienne marquise a été conservée; les fermes et les tirants ont été renforcés; l'ensemble a été soumis à des essais de charge de 700 kg par mètre superficiel.
Les fermes supportent une couverture composée d'un parquet de sapin et de feuilles de plomb, et naturellement un profond chéneau garni de plomb.
Dans cette couverture, de place en place, sont ménagés des capots de visite qui permettent l'accès dans l'épaisseur de la marquise : ces capots assurent aussi l'aération ".
Un treillis métallique prismatique reçoit les milliers de glaces gravées au sable dont la conception revenait à Gaëtan Jeannin.