Kiosques
1-Programme et Parti architectural
L'équipement progressif de l'espace public au XIXè siècle a suscité la création d'un mobilier urbain d'abord spécifique à chaque site, puis assez vite diffusé en petites ou moyennes séries par l'intermédiaire des catalogues de fabricants.
La fonte fut utilisée dès les années 1815 pour sa robustesse et son aptitude au moulage, en particulier dans plusieurs types d'objets usuels, déclinés en de multiples variations, tels que les supports de lampadaires, les piétements de bancs, ou les bornes-fontaines. Parallèlement se développa à partir du second Empire, un mobilier plus complexe associant le métal, sous toutes ses formes, à d'autres matériaux comme le bois ou la terre cuite. De nombreux types d'édicules stimulèrent l'invention des créateurs (parmi les équipements hygiéniques de la voirie, les pissotières et vespasiennes, les kiosques à journaux, à fleurs, à musique, les abris de toutes sortes, parfois organisés en promenades continues) et contribuèrent largement à définir l'architecture de l'espace public.
Inspirés de la fabrique
de jardin et particulièrement du tholos si populaire dans les jardins pittoresques,
les kiosques à musique se multiplièrent à partir de 1848.
Il
se définit assez rapidement une typologie de base, qui répondait à plusieurs
nécessités. Le toit n'avait pas seulement pour fonction d'abriter les musiciens
mais il faisait aussi office de pavillon acoustique les piliers étaient limités
en nombre et en épaisseur pour ne pas obstruer la vue de tous côtés la scène
était surélevée, afin que l'on puisse entreposer les chaises en dessous. Beaucoup
de kiosques furent construits en bois mais la plupart comportaient des colonnes
en fonte associées à des consoles en fer ou en fonte supportant une charpente
métallique légère, aux volutes souvent délicatement ornementées.
Il est difficile d'en retracer l'évolution stylistique, tant le type est rapidement devenu un standard de plus il semble que la grande majorité des kiosques actuellement subsistants datent des années 1890-1914, en liaison sans doute avec la vogue croissante des musiques militaires qui avaient pris le relais des orphéons. Beaucoup furent d'ailleurs construits d'après des plans types régulièrement publiés par les revues d'architecture ou dans des recueils.
Références
:
Kiosques à musique de Alain
Jouffray, ed.:
Angle vif, Toulouse
, 1983
Atlas
de Paris de D. Chadych et D. Leborgne aux
éditions Parigramme, 1989
Le Fer à Paris de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1989
Photographies Alexis Teissier
Informations Pratiques :
Ouverture :
les kiosques sont situés dans les parcs parisiens
accessibles en fonction des horaires d'ouverture des parcs,
se renseigner auprès des mairies.
3-Commentaires
Les kiosques des jardins parisiens sont les morceaux d'orfèvrerie de l'architecture métallique.
Il suffit d'observer la finesse de kiosque du jardin des plantes décrit ci dessus pour comprendre que ces edifices ont permis d'atteindre un sommet dans le traitement du détail dans l'architecture métallique du siècle dernier.
La tradition des kiosques à musique s'est peu à peu dissipée mais il est certain que ces lieux appellent à être habités, alors pourquoi ne pas imaginer qu'ils feront bientôt revivre cette ancienne coutume ?
2-Aspects Techniques
Sans rentrer dans les détails de tous les kiosques parisiens, il est particulièrement interessant de parler du kiosque du labyrinthe du jardin des plantes, place valhubert, dans le 5ème arr.:
En 1780, Verniquet,
devint architecte du jardin du roi. C'est
en 1786 qu'il commença l'aménagement du sommet de la butte sur laquelle il
dressa le kiosque de 4,20 m de diamètre sur 8,10 m de hauteur, exécuté en
fer revêtu de cuivre par Vincent Mille, serrurier du jardin.
Huit lances, chacune
d'un fer différent, servent de piliers au couronnement qui supporte une sphère
armillaire. (voir aussi : photos en bas de page).
Cette sphère contenait
un globe terrestre et un mécanisme (inventé par Régnier) destiné à
sonner midi : un marteau frappait «douze coups sur un tambour chinois, fondu
en cuivre d'un seul jet, qui formait timbre et dont le son s'entendait de
fort loin.
Ce marteau était mis en mouvement, à l'heure précise de midi, par un contrepoids lâché par la... rupture d'un fil de crin, brûlé par le foyer d'une loupe posée sur l'amortissement de la première corniche ; cette loupe, inclinée aux diverses hauteurs du soleil, avait son axe exactement placé au midi. » Le fil de crin était évidemment remplacé tous les jours.