...six
colonnes placées en oblique...
Ecole
du Sacré Coeur.
1893
- 1895
Hector
Guimard.
Lieu
: 9 avenue de La Frillière - Paris, XVIéme
arr., Métro
Exelmans. Date de livraison
: 1895. Maître d'ouvrage
: Prètre du Sacré Coeur.
Architecte : Hector
Guimard. Programme
: école. Superficie : NC. Coût
: NC.
1-Programme et Parti architectural
C'est afin de donner une meilleure image des études qu'en 1895 les prêtres
du Sacré-cœur confient à Guimard la charge d'édifier leur école. Si l'architecte
ne sait pas d'emblée ce qu'il doit faire, il lui suffira pour être informé de
ce qu'il faut éviter de promener son regard sur les façades et les cours intérieures
des lycées parisiens (tristes casernements à l'usage des jeunes). En 1895, l'architecte
est déjà au faîte de sa carrière; résolument
moderniste, il va trouver ici un moyen de rendre un ultime hommage à
Vaudremer et à Baudot qui, les premiers, ont eu l'idée d'ouvrir largement les
baies des espaces d'éducation afin que la lumière pénètre abondamment. Une fois
encore, Guimard va chercher quelques références chez le vieux maître Viollet-le-Duc
qui, le premier, prôna l'emploi des formes assujetties
à leur fonction initiale en même temps qu'il vantait l'usage du métal.
Références
:
Photographies
Arthur Chevignard
M5
Arthur Chevignard
.
.
.
formes
assujetties à leur fonction
...tout
à fait novateur...
3-Commentaires
L'école de la rue de la Frillière a dû fermer ses portes au cours de la dernière
guerre; si le bâtiment a échappé à la destruction c'est en raison de ses qualités
esthétiques et de son intérêt sur le plan de la technique architecturale.
Les maîtres d'œuvre reprenant les lieux dans l'état où ils étaient, réussirent
à créer là quelques cellules d'habitation tout en maintenant les bâtis extérieurs.
La rentabilité étant ainsi assurée, l'immeuble a pu être sauvé.
L'œuvre de Guimard, replacée dans le contexte historique
(1895, période de la fonte), peut être perçu comme un véritable exploit
architectural plein de sensibilité et de délicatesse. L'utilisation
des pilotis sous les édifices était encore
un acte peu répandu, tout à fait novateur.
2-Aspects
Techniques
L'école du Sacré Cœur, Guimard va l'élever
en briques plus claires que celles employées habituellement, associant le beige
à des tonalités plus rouges. Les fenêtres qui occupent plus de la moitié du
volume de la façade donnent une grande clarté
aux espaces intérieurs, aux salles d'étude. Chacune est encadrée par des montants
et des supports en pierre meulière séparés sur les façades latérales par de
minces colonnettes de fonte qui passent pratiquement inaperçues. L'originalité
du bâtiment réside dans sa partie inférieure : des éléments fluets, en fonte,
étayent le toit du préau et permettent aux élèves d'échapper aux intempéries.
Guimard a préféré faire répartir la masse des étages sur une
traverse unique en fonte, elle-même reprise par six colonnes placées en oblique
: il a construit les étages en encorbellement sur des poutres de fonte soutenues
par des colonnes obliques. Il a ainsi créé un préau pour les enfants et une
cour entre la rue et les classes. On pense ici aux contreforts des églises médiévales,
impression d'autant plus renforcée que les blocs de fonte sur lesquels reposent
les poteaux sont ornés de motifs floraux évocateurs du médiéval, flamboyants
soutènements qui paraissent travailler comme des vérins pneumatiques.
C'est une des premières oeuvres de Guimard, déjà marquée par l'Art nouveau dans
la forme des fenêtres et le décor des poteaux.
L'utilisation de poteaux obliques en métal pour surélever le bâtiment est un
acte fort qui confère à l'ensemble une sensation de
légèreté et de finesse.