Samaritaine 1905-1910 (agrandissements en 1926)
1-Programme et Parti
architectural
Jourdain avait été engagé par Ernest Cognacq dès 1883 comme architecte d'entretien.
Outre ces travaux, il réalisa quelques aménagements, comme la marquise, mais
la construction des nouveaux bâtiments ne commença qu'en 1905 le long de la
rue de la Monnaie, sans interruption de la vente et en quatre tranches successives.
La première tranche fut réalisée en six mois ; les autres suivirent à la même
vitesse, une fois les terrains acquis. Presque en même temps que l'immeuble
du 124 rue Réaumur, l'ossature d'un bâtiment en plein centre de Paris est
non seulement exposée, mais proclamée en façade.
Jourdain avait trouvé un allié en Cognacq qui, visant une clientèle populaire,
voulait des façades " qui claquent".
Il s'en donna à cœur joie : sur des piliers en cornière et tôle, conçus de
façon à pouvoir y passer les fluides (eau de pluie, chauffage, aération),
il dessina des volutes en fer et cuivre pour agrémenter leur maigreur linéaire
et fit décorer les poutres horizontales de panneaux en lave émaillée, qui
avaient en outre l'avantage de protéger les joints des poussières et intempéries.
A l'intérieur, un grand hall central était éclairé par une verrière selon
le plan habituel.
Bigot, Grasset, Schenck, Janselme, et son fils Francis participèrent à " ce
geste, fixé pour l'avenir, d'un protestataire écoeuré de trop de veuleries,
de trop de néant ( ... ) qui voulut montrer ce que c'est que d'oser, en faisant
résolument autre chose, en se séparant de tout et de tous ".
On ne lui pardonna jamais son audace : et lorsque Cognacq voulut agrandir
son magasin vers la Seine en 1924, il dut démolir les coupoles, Jourdain faisant
présenter par Sauvage une façade en pierre, dont la lourdeur indique bien
qu'elle fut le résultat d'un laborieux compromis.
Références :
Les Grands Magasins de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1979
Le Fer à Paris de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1989
Architectures à Paris : 1848-1914 de Paul Chemetov, Dunod, Paris 1984
Atlas de Paris de D. Chadych et D. Leborgne aux éditions Parigramme, 1989
Le site officiel http://www.lasamaritaine.com
Photographies Alexis Teissier
Informations Pratiques :
Ouverture :
Du Lundi au Samedi de 9h30 à 19h
Nocturne le jeudi jusqu'à 22h
Pour plus d'informations consultez le site officiel ou téléphonez au : 01 40 41 20 20
3-Commentaires
Probablement le plus intéressants des grands magasins aujourd'hui.
En
particulier le bâtiment principal de 1905 et son grand hall sous la
verrière qui a été superbement conservé au même
titre que le hall des Galeries Lafayette. On aimerait d'ailleurs que le bâtiment
de 1930 (rues de Rivoli, Pont Neuf et Boucher) beneficie des mêmes soins.
Au même titre que la Tour Eiffel, ce bâtiment, après avoir
été tant critiqué et s'être vu refuser le permis
pour l'agrandissement vers la Seine, s'est imposé comme une référance
en matière d'architecture métallique.
2-Aspects Techniques
Sur le plan proprement architectural, l'emploi du fer... lui a permis de réduire
à leur minimum les points d'appui, laissant l'air et la lumière entrer à profusion...
Le parti est d'ailleurs franchement accusé en façade par les montants et traverses
dont quelques cornières, agrémentées d'ornements en fer et cuivre, viennent
assouplir ce qu'un tel système de construction pourrait avoir d'un peu rigide.
Les âmes des poutres et des montants sont décorées, pour la partie supérieure,
de frises ou panneaux de lave émaillée, inattaquables aux intempéries, supprimant
tous joints et peu accessibles aux poussières de la rue et aux fumées des
maisons voisines; pour la partie inférieure, de panneaux en bois très dur
de Vicado, sculptés par Janselme, reposant sur des socles en grès de Bigot,
et enchâssant des plaques en cuivre repoussé et martelé par Schenck, et des
mosaïques d'or.
Sur la rue de la Monnaie, un énorme bow-window signale en façade le futur
grand hall qui traversera tout le bâtiment. Il est surmonté d'un " Samaritaine
" composé en mosaïque par Eugène Grasset.
Mais au souci du décor, Jourdain allie l'économie du rationaliste, qu'en bon
disciple de Viollet-le-Duc, il était.
Les gaines de ventilation passent par le vide des poteaux métalliques de l'intérieur,
tandis que les poteaux en façade reçoivent l'écoulement des eaux pluviales
et les gaines de chauffage.
Les fenêtres peuvent être doublées de stores commandés électriquement de l'intérieur,
ensemble ou séparémen...