Bibliothèque Sainte Geneviève 1843-1850
1-Programme et Parti
architectural
Le terrain disponible était limité, et le programme défini par Léon de Laborde
était plus proche d'une salle de lecture que d'une bibliothèque: il fallait
permettre au maximum d'étudiants de venir là consulter les livres qu'ils ne
pouvaient acheter.
Labrouste soulignait dès 1839 la nécessité de reconstruire cette bibliothèque
d'abbaye mal adaptée à sa fréquentation importante.
Les crédits furent votés en 1843, après de nombreuses études réalisées par
Labrouste.
Le parti retenu était à la fois simple et ingénieux.
Labrouste disposa la salle de lecture sur toute la surface construite, 85
m x 21 m.
La bibliothèque était disposée sur deux niveaux la salle de lecture installée
au premier étage pour disposer de plus de lumière, et les livres entreposés
au rez-de-chaussée et sur les murs de la grande salle.
L'obligatoire prévention des incendies recommandait l'usage de la maçonnerie
ou du fer pour les planchers et du métal seul pour la charpente.
On y découvrait ainsi l'avantage de disposer d'un vaste local abrité et éclairé,
qui fût un véritable espace public doté du confort d'un espace intérieur.
La formule devait connaître un bel essor par la suite. Elle fut adoptée dans
nombre d'édifices recevant le public (les bibliothèques, les banques, les
musées, certains bâtiments administratifs, les hôtels ou les restaurants).
Hormis la Halle au Blé,
les passages couverts ou les plus anciens marchés métalliques comme
celui de la Madeleine, le premier bâtiment public qui consacra en France le
succès du fer comme mode de couverture apparent d'un vaste espace fut sans
conteste la bibliothèque Sainte-Geneviève.
La Bourse de Paris en 1815-1823 par Labarre ou l'Hôtel des Monnaies de Nantes
en 1825 avaient bien été dotés de charpentes métalliques couvrant une cour
centrale avec verrière mais le fer n'y était pas vraiment visible.
Références
:
BOUGY (Alfred de). Histoire de la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
Suivi d'une Monographie bibliographique ou catalogue des ouvrages, manuscrits
et imprimés relatifs à Sainte-Geneviève, à son église, à son abbaye, aux chanoines
réguliers de la congrégation de France ou Génovéfains, et à leur bibliothèque,
par P. Pinçon. Paris : Comptoir des imprimeurs-unis, 1847.
La Bibliothèque Sainte-Geneviève de jadis à aujourd'hui. Réd. M. Wintzweiller.
Catalogue de l'exposition organisée à l'occasion du centenaire de son installation
dans les bâtiments actuels, 1851-1951. Paris, 1951.
WINTZWEILLER (Marguerite). Les origines de la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
Paris : Copédith, 1986.
PETIT (Nicolas) et ZEHNACKER (Françoise). " Histoire des fonds anciens
de la bibliothèque Sainte-Geneviève ", Mélanges de la bibliothèque de
la Sorbonne. 1991, pp. 81-101.
ZEHNACKER (Françoise). " Bibliothèque Sainte-Geneviève ". Patrimoine
des bibliothèques de France, un guide des régions. Vol. 1 : Île de France.
Paris : Payot, 1995, pp. 252-261.
De l'Abbaye Sainte-Geneviève au lycée Henri IV : Sciences et Humanités, une
tradition. Catalogue de l'exposition organisée à l'occasion du bicentenaire
du Lycée Henri-IV, 12-17 octobre 1996. Paris : Bibliothèque Sainte-Geneviève,
1996.
PETIT (Nicolas). L'éphémère, l'occasionnel et le non livre à la Bibliothèque
Sainte-Geneviève (XVe-XVIIIe siècle). Paris : Klincksieck, 1997 (Corpus
iconographique de l'histoire du livre, 3).
Le Fer à Paris de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1989
Le site officiel http://www-bsg.univ-paris1.fr/home.htm
Photographies Alexis Teissier
Informations Pratiques
:
La grande salle de lecture : du lundi au samedi inclus,
de 10 h à 22 h
La Réserve: lundi, mercredi, jeudi, vendredi, de 1 Oh à 18 h
mardi, de 14 h à 18 h samedi, de 10hà 12hetde 14hà 17h Horaires réduits pendant
les vacances universitaires. Fermeture les dimanches et jours fériés, le samedi
veille de Pàques, les 24, 26, 31 décembre et 2 janvier ainsi que la première
quinzaine d'àoût.
La Bibliothèque
nordique : lundi, mardi, jeudi et samedi, de 14 h à 18 h mercredi,
de 14 h à 19 h 30 vendredi de 1 Oh à 14 h.
Fermeture les dimanches et jours fériés, du lundi précédant Pâques au mercredi
suivant Pâques inclus, du 14 juillet au 31 août inclus et du 24 décembre au
2 janvier inclus.
Pour plus d'informations consultez le site : http://www-bsg.univ-paris1.fr/home.htm
3-Commentaires
A l'intérieur l'effet du monument est harmonieux et tranquille.
La fonte ouvragée, employée et comme charpente et comme support des tablettes chargées de livres, charme l'oeil par sa légèreté en même temps qu'elle le rassure au point de vue de la solidité indispensable.
La Bibliothèque Sainte Geneviève préfigure la Bibliothèque Nationale Richelieu, où Labrouste atteindra une véritable virtuosité dans le maniement du métal.
2-Aspects Techniques
Le génie de Labrouste fut de laisser apparente une partie de cette charpente, portée par les murs latéraux et une rangée centrale de dix-huit fines colonnes en fonte.
Cette disposition s'inspirait de celle de l'ancien réfectoire de l'abbaye de Saint-Martin-des-Champs.
Labrouste toutefois ne reproduisit pas exactement, comme Louis-Auguste Boileau allait le faire quelques années plus tard à Saint-Eugène, le dessin de ces colonnes, préférant un fût cannelé couronné par un chapiteau composite, qui s'accordait au style renaissance italienne de l'ensemble du bâtiment.
La portée des arcs, de l'ordre de dix mètres, reste modeste, quoique adaptée aux possibilités économiques de la fonte.
Mais Labrouste cherchait avant tout un effet architectural plus qu'une prouesse technique. La charpente elle-même est composée d'une double rangée d'arcs doubleaux en plein cintre, liaisonnés sur l'axe médian par d'autres arcs de même courbure et à la clef par des poutrelles cintrées.
L'ensemble de la structure apparente est en fonte, les pièces étant directement fondues en éléments de grande dimensions (par exemple deux éléments pour les arcs principaux), assemblés ensuite par boulons et pièces de recouvrement.
Certains éléments décoratifs, comme les chapiteaux, sont également boulonnés par parties à la structure.
Le dessin de ces arcs fît l'objet de nombreuses variantes par Labrouste plusieurs montrant un dessin de plafond à double pente sous-tendu par un arc en plein cintre.
Le motif finalement retenu pour le remplissage des arcs offre un curieux mélange de volutes ciselées et de petites toiles d'araignées, symbolisant le caractère patient et opiniâtre du travail intellectuel.
La charpente métallique qui porte la toiture, cachée par un plafond en plâtre lissé, se compose, pour chaque travée, d'un jeu de sept bielles verticales en fonte, contreventées en partie centrale.