Bibliothèque Richelieu 1858-1868
1-Programme et Parti
architectural
La bibliothèque
Sainte-Geneviève à peine achevée, Labrouste
fut nommé architecte de la Bibliothèque Impériale en 1854, dont la
reconstruction partielle s'imposait depuis longtemps. Les plans en furent
prêts en 1859, et la nouvelle salle de lecture ainsi que les magasins,
sur plusieurs niveaux, établis le long de la rue de Richelieu, furent achevés
en 1867.
La forme sphérique des coupoles sur pendentifs, inspirées de celles de l'hôpital
des Innocents à Florence par Brunelleschi, permet de ménager un vitrage
à la clef, qui donne une lumière zénithale et non plus latérale comme à Sainte-Geneviève.
Cette disposition empruntée au Panthéon romain avait déjà été mise en oeuvre
auparavant à plus petite échelle, par exemple dans les bas-côtés de l'église
Notre-Dame de Lorette en 1823-1836 par Hippolyte Lebas ou dans certains salons
d'hôtels particuliers.
La blancheur des voûtes en porcelaine compensant la petite taille des orifices
vitrés, l'effet obtenu à la Bibliothèque Nationale se rapproche de celui d'une
verrière continue et annonce les grands espaces vitrés qui vont se multiplier
par la suite.
Le magasin des imprimés situé derrière la salle de lecture est également remarquable
par l'usage qui y est fait du métal. Autour d'un vide central se déploient
trois étages de galeries portant des casiers à livres.
La structure est entièrement métallique, y compris les rayonnages et le sol
des galeries, fait d'un caillebotis métallique diffusant la lumière naturelle
jusqu'au niveau inférieur. Ce dispositif a été par la suite préservé, bien
que les magasins aient été surélevés plus tard.
Comme le reconnaissait déjà un contemporain, l'ingénieur C.-A. Oppermann :
" C'est par de semblables initiatives que l'architecture moderne sortira de
la routine gréco-romaine qui l'a trop longtemps asservie.
Il
est évident que la combinaison du fer avec la maçonnerie, avec les faïences
et les poteries, et avec tous les autres métaux ou autres matériaux possibles
est le trait vraiment caractéristique de l'art contemporain ".
Références
:
Le
Fer à Paris de Bernard Marrey aux
éditions Picard, 1989
Atlas
de Paris de D. Chadych et D. Leborgne aux
éditions Parigramme, 1989
La Bibliothèque nationale, ses bâtiments et ses constructions de Léon Labrouste, Paris, impr. H. Lutier, 1885
Henri Labrouste architecte : 1801-1875. [catalogue par] Pierre Saddy Publication : Paris : Caisse nationale des monuments historiques et des sites, 1977
Le site officiel http://www.bnf.fr
Photographies : Internet
Informations Pratiques
:
Ouverture :
Du lundi au vendredi,
Orientation des lecteurs 9h à 17h, Salle de références 9h à 18h, Cartes et
plans 10h à 18h, Estampes et photographies 9h à 18h, Réserve mardi-jeudi 10h
à 12h, Manuscrits orientaux 10h à 18h, Manuscrits occidentaux 9h à 18h, Réserve
mercredi et vendredi, Monnaies et médailles antiques 9h à 18h.
Le samedi,
Orientation des lecteurs et Salle de références 9h à 17h, Cartes et plans
10h à 17h, Estampes et photographies 9h à 17h, Manuscrits orientaux 10h à
17h, Manuscrits occidentaux - Monnaies et médailles et antiques 9h à 17h.
Pour plus d'informations
consultez le site officiel
3-Commentaires
Presque 20 ans après la
bibliothèque Sainte Geneviève, Labrouste a prouvé
à travers cette bibliothèque, qu'il était un des maitres
de l'architecture métallique.
La grande salle de l'ancienne bibliothèque nationale reste encore aujourd'hui un exploit en la matière.
Il s'agit probablement d'une des plus importantes démonstrations des capacités de l'architecture métallique.
La structure de la grande salle reste extrèmement lègère malgré la dimension du volume.
2-Aspects Techniques
La salle de lecture - est à juste titre considérée comme l'une des plus belles
réalisations architecturales du XIXe siècle Labrouste conçut cette salle suivant
une géométrie très précise.
Le plan de forme carrée est ponctué par neuf coupoles garnies chacune d'un lanterneau vitré, portées par des arcs métalliques en plein cintre et de fines colonnes en fonte. Un hémicycle nettement séparé prolonge la salle et fait la transition avec les magasins par l'intermédiaire d'une porte monumentale.
On retrouve beaucoup de similarités avec la bibliothèque Sainte-Geneviève : la forme des arcs, le dessin des colonnes et de leurs chapiteaux, les portées équivalentes (ici de 10,50 mètres), le garnissage en céramique blanche des plafonds, les fresques de végétation comme dans le vestibule de Sainte-Geneviève, qui évoquent l'atmosphère d'un jardin, traditionnellement propice au recueillement et à la méditation. Le dessin des arcs est sans doute moins original avec ses croix de Saint-André alternant avec des montants verticaux : le matériau utilisé n'est plus la fonte, qui se prêtait facilement au moulage, mais le fer riveté pour les semelles, l'âme restant constituée de cadres en fonte. L'usage de la peinture vient souligner les éléments de la structure, jusqu'aux têtes de rivets.
Mais outre le plan d'ensemble, deux caractéristiques ajoutent à l'intérêt de la bibliothèque. Au lieu de s'appuyer sur les murs latéraux, également percés d'arcades, la structure métallique en est entièrement dissociée, un jeu de colonnes en fonte venant redoubler les pilastres.
L'ensemble des coupoles n'est porté que par seize points d'appui ponctuels, et semble ainsi flotter au milieu de la masse des livres qui entourent la salle.