Galerie Vivienne1826
F.J. Delannoy
1-Programme et Parti architectural
En 1823 Marchoux devenu président de la Chambre des Notaires, racheta l'hôtel où il habitait, la maison au n° 4 de la rue des PetitsChamps, et une maison passage des Petits-Pères, et fit construire un passage couvert sur les plans de l'architecte F.J. Delannoy, lauréat du Grand Prix d'Architecture en 1778. Ce fut la Galerie Marchoux, rebaptisée galerie Vivienne en 1825 du nom de la rue voisine et inaugurée en 1826.
Sur le plan, architecturaltural la réussite était totale et l'affluence du public ne se fit pas attendre.
L'arrivée de la Galerie Colbert engagea une rude concurrences entre les deux voisines. Ainsi, pour détourner le flot qui s'engageait directement dans la galerie Colbert depuis le palais royal, le propriétaire de la galerie Vivienne racheta " à un prix excessif " l'hôtel Dorvilliers, et donna au passage des Deux Pavillons une direction oblique , de façon à le faire ouvrir en face de sa galerie (Ce petit passage avait été ouvert en 1820 à travers l'hôtel Dorvilliers afin de drainer la foule sortant du Palais-Royal). Le propriétaire de la Galerie Colbert répliqua en faisant ouvrir le petit passage Colbert, établi en retour d'équerre, en face de la nouvelle entrée du passage des Deux-Pavillons. La rivalité des deux galeries s'étendait aussi au plan architectural. Si les deux entreprise étaient qualifiées de " belles, très remarquables par leur grandeur, leur ni, magnificence et la richesse des peintures et des ornements ", la Galerie Colbert l'emportait par l'ampleur de proportions, la vaste rotonde, le luxe déployé tandis que la galerie Vivienne se signalait par la grande diversité de ses espaces, l'éclat des boutiques, l'animation du commerce, un aspect plus riant et plus gai ". Ainsi que le remarquait l'architecte Thiollet: " La galerie Vivienne (...) offre dans ses plans et sa décoration une variété que n'a pas la galerie Colbert. Le travail de l'architecte Delannoy est en effet remarquable par le parti qu'il a su en tirer d'un terrain mal commode, car étroit et irrégulier, où il avait dû, pour des raisons d'économie, conserver la majeure partie des constructions existant antérieurement au passage."
Références :
Le guide des passages couverts de Paris de Patrice de Moncan. éd : Les éditiond du Mécène, 2000.
Passages couverts parisiens / Jean-Claude Delorme, Anne-Marie Dubois photogr. Martine Mouchy. - Delorme, Jean-Claude - 2002
Les Passages couverts en France / sous la direction de Bertrand Lemoine, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris - 1989
Passages couverts parisiens / Guy Lambert. - Lambert, Guy - 2002
Le Fer à Paris de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1989
Photographies Alexis Teissier
Informations Pratiques :
Ouverture :
Tous les jours sauf le dimanche
de 7h à 19h
3-Commentaires
La mise en place de ces vitrines à petite echelle préfigure les futures vitrines des grands magasins.
C'est précisement à ce moment là qu'on observera l'apogée de cette révolution, encore d'actualité aujourd'hui.
La galerie Vivienne est souvent considérée comme la reine des parisiennes.
D'autres la surpassaient peut-être dans le luxe de leur décoration, d'autres encore ont eu une renommée qui a éclipsé la sienne, mais aucune n'a su dégager de manière aussi durable ce charme indéfinissable qui caractérise les lieux d'exceptions.
2-Aspects Techniques
Parallèlement aux progrès du métal, les progrès du verre participaient à l'évolution
des passages couverts.
Or la France semble avoir été pilote en la matière comme en témoigne A. Blanqui dans l'Histoire de l'exposition des produits de l'industrie française. " Nos glaces acquièrent chaque jour de plus grandes dimensions ". écrit-il, " qui les font rechercher avec empressement dans toute l'Europe. Elles sont aujourd'hui à la portée des plus médiocres fortunes. "
Avec des verres moins chers et plus grands qui s'appuyaient sur des structures métalliques plus résistantes, les verrières rivalisèrent d'audace et les vitrines des boutiques se firent toujours plus vastes et plus claires. Du temps des Galeries de Bois, ces vitrines n'étaient que d'étroites fenêtres, aux petits carreaux de verre assemblés par une croisée de bois. Trente ans plus tard, les devantures des Galeries Vivienne ou Véro-Dodat arboraient de larges baies vitrées, d'un seul tenant, posées entre deux pilastres de fonte.
" Le verre est appelé à jouer un rôle important dans l'architecture métallique. Finis ces murs épais dont la solidité et la résistance diminuent quand on perce un grand nombre de trous. Nos demeures ont tellement d'ouvertures qu'elles semblent diaphanes. Ces larges baies garnies d'un verre épais, simple ou double, mat ou transparent, vont répandre un éclat magique à l'intérieur pendant la journée, et, la nuit, vers l'extérieur. " Gobard, en écrivant ces lignes dans la Revue générale d'architecture, en 1849, ne faisait qu'imaginer des façades de maisons semblables à celles des boutiques des passages d'alors.