La Gare de Lyon 1896-1902
Marius Toudoire
1-Programme et Parti
architectural
La première gare de Lyon fut construite aux frais de L'Etat, entre 1847 et 1852, par l'architecte Alexis Cendrier, sous la direction de l'ingénieur en chef Adolphe Jullien.
Le choix de l'emplacement de la gare, en bordure du boulevard Mazas aujourd'hui boulevard Diderot, défini début 1847, était lié au programme du percement de la rue de Lyon. Urbanistiquement, cette opération n'était pas heureuse : placée en oblique sur le boulevard Mazas, la gare n'offrait au passant que les blocs compacts de ses deux pignons fermés, juchés sur de hauts socles en maçonnerie, déportés sur le côté gauche, sans le vis à vis du bâtiment d'administration qui devait être construit beaucoup plus tard ; et c'était l'arche marquant l'entrée de la cour d'arrivée qui faisait face à la rue de Lyon, tandis que celle des départs était complètement avalée sur la gauche. Ce manque de lisibilité suscita bien des critiques.
En raison de son éloignement du centre, la gare de Lyon n'avait pas un trafic banlieue très développé. Aussi ne subit-elle pas de modification majeure avant 1896. Cependant, le taux de fréquentation, qui avait doublé entre 1880 et 1896, passant à 3,2 millions de voyageurs, fit prendre des décisions radicales.
Une nouvelle gare fut peu à peu substituée à l'ancienne, englobant les bâtiments du départ, disposant ceux de l'arrivée en façade sur le boulevard. A l'instar de la Gare d'Austerlitz, le plan de la nouvelle gare suit de très près celui de l'ancienne, même si les façades de l'ancienne et de la nouvelle sont très différentes.
Si le projet d'agrandissement fut défini à partir de 1891, il ne fut mis en oeuvre qu'en 1895, pour être achevé après 1902.
L'architecte de la Compagnie, Marius Toudoire, fut appelé au dernier moment, comme à la gare Saint-Jean à Bordeaux, et son intervention semble, comme là-bas, s'être limitée à la décoration, ce qui n'est pas un moindre rôle car la part de celle-ci est considérable.
Parachevant l'évolution amorcée par la Gare Saint-Lazare, la façade de la gare de Lyon ne reflète plus l'articulation du réseau ferré. C'est un haut immeuble d'aspect luxueux mais peu typé, en pierre de taille. Son unique singularité est une horloge hypertrophiée de quatre cadrans de 6,40 m, et décalée sur la droite pour être bien visible de la rue de Lyon.
Références
:
La naissance des gares
de Marie-Laure Crosnier Leconte aux éditions Hachette, 1990
Architectures à Paris : 1848-1914 de Paul Chemetov, Dunod, Paris 1984
Les grandes gares parisiennes du XIX ème siècle sous la direction de Karen Bowie aux éditions Délegation à l'action artistique de la ville de Paris,
Le Fer à Paris de Bernard Marrey aux éditions Picard, 1989
Photographies Alexis Teissier
Informations Pratiques :
Ouverture : 24h/24, 7j/7
Pour plus d'informations
téléphonez au : 01 53 90 20 20
Pour plus d'informations
sur l'Histoire du chemin de fer en général :
le site officiel de la
SNCF
3-Commentaires
La gare de Lyon possède
aujourd'hui un défaut majeur.
Par opposition à la Gare du
Nord ou la Gare de l'Est, par
exemple, qui a su résister aux augmentations de traffic, la Gare de
Lyon a du décomposr son traffic en deux halls, ce qui brise l'intégrité
de la gare et oblige les voyageurs à se déplacer constamment
d'un hall à l'autre.
Elle ne beneficie pas de l'ampleur d'une gare dans laquelle tous les voyageurs se retrouvent dans un même Hall.
A cela il faut opposer
ce qui fait le charme et la renommée de la gare, son célèbre
restaurant : "Le Train Bleu".
Il redonne à la gare une amiance "belle époque" que
l'on ne retrouve dans aucune autre gare parisienne.
2-Aspects Techniques
La première gare de Lyon était une gare à service latéral.
Le terrain avait été relevé de 5 à 8 m par des remblais, et devait permettre aux trains de passer au dessus des voies de circulation.
Une grande halle de 220 mêtres de long et 42 mêtres de large, divisée en deux nefs par un rang de colonnes en fonte, séparait les bâtiments de départ et d'arrivée auxquels on accédait par deux rampes.
La halle abritait 2 voies : une pour l'arrivée et une pour le départ.
Elle était couverte de
fermes Polonceau avec arbalétriers en sapin, bielles en fonte et tirants de
fer.
La décoration
était extrêmement simple.
Bien qu'il soit définitivement passé de mode, c'est encore le système Polonceau, avec tirants en fer laminé, comme à la gare Saint-Lazare, qui fut choisi pour couvrir les voies de la nouvelle gare.
On remarquera que c'est de cette époque que date le campanile de 64 mètres de haut comportant une horloge à 4 cadrans de 6,40 mètres de diametre : la grande aiguille mesure 3,20, la petite 2,35.